La discipline… l’importance de placer un cadre

Être parent…

Cela ne vient pas avec un livre d’instruction. Cela demande une bonne capacité d’adaptation, des gestes d’amour et des limites claires. Chaque parent fait de son mieux avec l’influence de la société dans lequel il vit, avec l’éducation qu’il a reçue et les connaissances qu’il a acquis des enfants au fil du temps. Plus l’éducation que l’on a vécu s’éloigne des valeurs éducatives que l’on veut transmettre à nos enfants et plus ce sera difficile d’intervenir, mais non impossible. S’ajoute à ce défi le manque de temps et la peur de faire des erreurs et de mal agir en tant que parent. Tous ces facteurs nuisent à la confiance parentale qui est nécessaire d’avoir en soi pour élever notre enfant à devenir l’adulte civilisé de demain. Les parents ne trouvent normalement aucune motivation à discipliner leur enfant, à faire valoir des règles sociales nécessaires pour bien vivre en société, à placer un cadre. Bien que l’on parle souvent d’intervention démocratique comme étant la meilleure façon d’intervenir, cela n’est pas évident à appliquer au quotidien. Alors, commençons par être un peu indulgent envers nous-mêmes, à reconnaître nos imperfections et à s’ouvrir à faire mieux pour l’éducation de nos tout-petits.

L’autorité a changé, les parents aussi…

Il fut un temps où les mères n’avaient comme seul moyen d’intervenir que la menace. Elles disaient à leur enfant : « Attends que ton père arrive, il va te punir ! » Il était très difficile pour les pères de créer de bonnes relations avec leur enfant, car ils étaient perçus comme ceux qui punissent les enfants. Les parents des années 60 étaient plus confiants, car ils appliquaient « copie collé » le même modèle parental qu’ils avaient reçus de leur parent. Ils avaient appris à ne pas remettre l’autorité en question. La punition n’était que le seul moyen d’intervenir et l’enfant n’agissait que par peur sans faire l’apprentissage de l’autodiscipline.

De nos jours, les parents sont bien informés du développement de l’enfant, trouve différentes ressources un peu partout et ont su développer une grande sensibilité face à leur enfant. Par contre, l’autorité est passée d’autoritaire à permissif, voir même absence d’autorité et de fermeté.

(Racine, B. 2018)

Il est urgent de reprendre notre rôle de parent qui est une place privilégiée. Ceci est possible en étant ferme et sensible à fois. Nos enfants sont notre relève !

Ce qu’est la discipline

  •  C’est la capacité de se plier aux règles familiales et sociales. Tant que les règles ne sont pas perçues de l’intérieur, la discipline doit être imposée de l’extérieur, essentiellement par les parents.
  • La discipline nécessite des limites et des règles de conduites claires.
  • Lorsqu’elle est bien appliquée, la discipline procure des limites sécurisantes qui ne nuit aucunement à l’autonomie et au développement identitaire de l’enfant.
  • Cela implique de l’affection, le contrôle des comportements indésirables et l’engagement des adultes qui peuvent eux-mêmes se gérer, respecter les règles et offrir un bon modèle.

Écouter la Vidéo :
Vidéo : Bouleversement dans l’éducation des enfants, 3:51 minutes

La discipline est une question d’éducation

La discipline commence à 18 mois

Éduquer, c’est apprendre à l’enfant à s’épanouir sous toutes ses formes, mais aussi à être civilisé et à vivre en société. C’est de transmettre une culture, des valeurs et des règles à son enfant. Une des missions en éducation consiste à accompagner son enfant vers son propre avenir. Éduquer c’est aussi aller à l’encontre des multiples demandent et désirs de son enfant : ce n’est pas ce qui est le plus agréable pour les parents, mais c’est un passage obligé. Pour mettre en application la discipline, cela prend un parent convaincu, qui porte un sentiment de légitimité.

« Aucun enfant ne naît civilisé »

– (Bourcier, S. 2018, p. 18)

« Une photo est bien plus belle encadrée, c’est pareil pour un enfant »

– (Bourcier, S. 2018, p. 18)

Source : Canva

Il faut considérer certains enjeux du développement de l’enfant

  • 0-2 ans, création du style d’attachement, par la réponse des parents à ses besoins. Un attachement sécurisé facilite la discipline.
  • Entre 18 mois et 4 ans, l’enfant fonctionne selon le principe du plaisir d’obtenir satisfaction à ses désirs le plus vite possible. Il est naturellement et normalement égocentrique et doit déjà commencer à comprendre qu’un désir ne doit pas être répondu, car ce n’est pas un besoin.
  • Vers 31⁄2 ans, l’enfant peut gérer ses pulsions et vouloir faire plaisir à l’autre. Il a de plus en plus la capacité de suivre des règles si on lui a appris à partir de 18 mois.
  • Vers 4 ans, l’enfant a la capacité de se mettre dans la peau d’une autre personne : développement de l’empathie. Il est de plus en plus capable de tenir compte des autres.
  • Vers 6-7 ans, l’enfant peut s’autodiscipliner, c’est-à-dire s’imposer spontanément des règles pour bien agir dans sa famille, dans la société. C’est donc dire qu’avant cet âge, les parents doivent imposer eux-mêmes les règles, car l’enfant n’y arrivera pas de lui-même.

Des liens importants entre l’attachement et la discipline

L’enfant qui accepte de se conformer à une règle veut faire plaisir à sa figure d’attachement. Il est crucial de réfléchir à l’engagement que l’on tient face à la création du lien avec son enfant. L’attachement s’investit au quotidien par notre disponibilité et notre bienveillance. De nos jours, les enfants ont moins de référent des adultes qui prennent trop peu de temps de qualité à échanger avec eux, à les écouter, à jouer, etc. Ce manque de temps amène les parents à se dire qu’il vaut mieux ne pas discipliner notre enfant pour le peu de temps que l’on peut passer avec lui. Mais un enfant qui n’a pas de discipline aura des comportements inacceptables.

« Pour la première fois dans l’histoire, les jeunes ne se tournent pas vers leurs parents, leurs enseignant et autres adultes responsables pour leur éducation, leurs modèles et leur encadrement, mais plutôt vers leurs pairs. Au lieu, ils sont élevés par des personnes immatures. »

(Racine, B., 2018, p. 19)

Les styles parentaux

Selon la théorie des styles parentaux de Blauming, le style parental renvoie aux schémas comportementaux des parents envers leur enfant, à leurs attitudes, à leurs actions, à leur façon d’intervenir, aux paroles qu’ils utilisent et à leur réaction face aux comportements de celui-ci.

Les problèmes de comportements sont souvent associés à une discipline incohérente, à des styles d’intervention parentaux autoritaire et permissif.

Répondre au questionnaire : Quel est votre style parental ?

Quel est votre style parental ?

Style permissif

Le parent
➮ Laisse son enfant faire ce qu’il veut, n’exerce pas son autorité : n’a aucune fermeté.
➮ Justifie ses interventions auprès de son enfant, n’étant pas à l’aise d’intervenir.
➮ Parle beaucoup, mais agit peu ou pas : ne donne aucune conséquence, ne lui permettant pas d’apprendre et de devenir responsable.
➮ Excuse les comportements de son enfant, qu’ils soient antisociaux, violents, irrespectueux, etc. : donne la responsabilité aux autres des 
erreurs commises par son enfant.
➮ Recherche davantage l’amitié avec son enfant, ce qui nuit à la relation.
➮ Ignore ses propres besoins au non des désirs/caprices de son enfant.
➮ Donne le pouvoir total et absolu à son enfant : c’est lui qui décide.
➮ Est souvent chaleureux.
Selon Baumring, les enfants d’âge préscolaire immatures, dépendants, impulsifs qui manquent de maîtrise de soi ont eu des parents chaleureux qui ne fixaient pas de limites.

L’enfant ROI

Source : Canva

L’enfant roi est un enfant capricieux qui a appris que tout lui est dû, ici et maintenant. Il n’est pas né capricieux, exigeant, colérique, irresponsable, non motivé, etc. Comme il a reçu une éducation de style permissif, il a retenu qu’il n’a pas besoin de faire d’effort ni de corriger ses mauvais comportements pour obtenir ce qu’il veut. Cela l’amène à confondre la notion de besoins et de désirs, croyant que ses désirs sont des besoins essentiels et indispensables qu’il faut à tout prix les obtenir dans l’immédiat.

Le parent qui conditionne un enfant roi, le félicite pour tout et rien et ignore totalement les limites et les défis de son enfant. Cela lui donne une fausse image de lui-même, lui laissant croire qu’il est parfait. À la moindre échec et difficulté, l’enfant se décourage et abandonne. Les enfants rois n’ont pas développé les compétences essentielles qui lui seront utiles lors de leur parcours scolaire et en tant que futur travailleur, c’est-à-dire : l’effort, la persévérance, le courage et la motivation.

De plus, les parents d’enfants rois utilisent constamment la récompense, pensant que cela aidera leur enfant à exécuter la consigne qui lui est demandée. Par exemple : « Sois gentil à la garderie et je t’achèterai un jouet. », « Ne faits pas de crise aujourd’hui et je te donnerai la tablette. », etc. L’enfant enregistre que tout est conditionnel : il n’appliquera pas de consignes sans récompense et ne pourras pas développer la capacité à s’autodiscipliner.

Écouter la Vidéo :
Vidéo : 3 trucs simples pour cesser de crier sur vos enfants ! (2018), Nancy Doyon, 9:37 minutes.

Style autoritaire

Le parent
➮ Peu chaleureux, considère très peu les besoins de son enfant.
➮ Rigide et contrôlant, il exige beaucoup. Il donne des ordres qui sont peu réalistes.
➮ Donne souvent des punitions et utilise les douces violences. (Voir ici-bas)
➮ Perd souvent le contrôle de lui-même : se met à crier et à menacer.
➮ N’explique pas les règles à son enfant : il faut juste les suivre sans les comprendre.
➮ Exerce tout le pouvoir sur son enfant, ce qui nuit à la relation.

Ne procure aucune occasion d’apprentissage à l’enfant, sauf celui de développer de la peur, de la perte de confiance et/ou de la colère.
Selon Baumring, les enfants d’âge préscolaire méfiants et malheureux ont eu des parents contrôlant.

Attention à ne pas utiliser de DOUCES VIOLENCES

Les douces violences sont des paroles et des attitudes qui influencent négativement le sentiment de sécurité affective. Elles peuvent placer une personne dans une insécurité affective qui causent des impacts négatifs et significatifs à court, moyen et long terme. Les douces violences affectent directement l’enfant dans son sentiment d’affection, d’appartenance et d’estime de soi.

(Schuhl, 2020)

  1. Ne jamais comparer. Lorsqu’on compare, cela signifie qu’il y a un bon et un mauvais, ce qui met en jeu l’estime de soi et amène 2 enfants à se faire compétition, plutôt qu’être alliés. Ex : « Ton frère, lui, est capable de le faire. », « Sam, lui, m’écoute quand je lui parle. »
  2. Ne jamais miser sur le résultat : C’est le processus qui est important, car c’est ce qui est l’essence de l’expérience qui conduit à l’apprentissage. Lorsqu’on mise sur le résultat, on ne fait qu’envoyer un message de performance qui déclenche le stress. Ex : « Tu n’as pas eu de bonnes notes ! »
  3. Ne jamais parler contre l’un des 2 parents, et encore moins devant l’enfant. Pour lui, ses 2 parents sont des figures significatives essentielles à sa construction d’attachement. Ex : « Ton père ne fait jamais attention à vous…. Il fait… »
  4. Ne jamais blâmer/critiquer : Ce n’est pas dans la culpabilité qu’on apprend à se mobiliser pour faire mieux et autrement, au contraire, le blâme paralyse et fait douter la personne, l’empêchant de se pratiquer à devenir plus compétent. Ex : « Tu as encore fait un dégât. Je ne peux pas te faire confiance ! » ou « Tu m’énerves ! »
  5. Ne jamais menacer. Personne n’apprend par la menace. Ex : Si tu ne m’écoutes pas, tu iras dans ta chambre. »

C’est le COMPORTEMENT de la personne qui est en cause et non son intégrité, sa propre valeur.
Évitez l’usage du « TU » qui tue. Parler du comportement à modifier.

Style démocratique (sensibilité et fermeté)

Le parent
➮ Communique et explique clairement ses besoins, ses attentes et ses sentiments.
➮ Est chaleureux avec son enfant à des moments appropriés et fermes lorsqu’il s’agit d’appliquer des règles de conduites.
➮ Respecte les besoins de son enfant et ses propres besoins à lui aussi.
➮ Fixe peu de règles, mais ce sont les bonnes : a des attentes réalistes.
➮ Fais confiance que son enfant apprend de ses erreurs : l’encourage à se responsabiliser.
➮ Intervient calmement et fermement : le parent gère ses propres émotions avant d’intervenir.
➮ Place un cadre, un code de vie familial qu’il applique en tout temps.
➮ Reconnaît les forces de son enfant, mais aussi ses défis.
➮ Met en place des outils qui favorisent la gestion des émotions, la résolution de conflits interpersonnels et l’autodiscipline.
➮ Mise sur le processus, sur la démarche vers l’apprentissage plutôt que sur le résultat.
Le parent reste une figure d’autorité, un référant confiant et sécurisant pour son enfant.

Il y a une différence entre un besoin et un désir

Les besoins permettent de combler un manque primordial qui est nécessaire à notre bien-être (amour, attachement, sécurité affective), à notre santé et à notre sécurité physique. Les besoins sont tous présents dès la naissance, alors que les désirs viennent plus tard. Il est essentiel de bien distinguer les 2 pour ne pas les confondre et répondre à chaque désir de son enfant comme s’il s’agissait d’un besoin vital. De plus, lorsqu’un parent dit non à un désir de son enfant, cela l’amène à mieux comprendre la réalité, car dans la vraie vie, il n’est pas nécessaire de tout avoir et encore moins tout de suite et maintenant.

(Racine, 2018)

Apprenez à votre enfant à distinguer la différence entre un besoin et un désir. Ex : Un enfant réclame d’avoir la tablette et vous lui refusez sachant que les impacts sont majeurs sur son cerveau. Vous pouvez lui dire que son désir est de jouer avec la tablette, mais que vous, en tant que parents votre responsabilité est de répondre à ses besoins. Puis, vous l’encouragez à aller jouer dans sa salle de jeux où il y a plein de jouets. Vous pouvez jouer avec lui pour le motiver. Cela n’exclus peut-être pas la crise, mais il est important de poursuivre votre intervention en appliquant les 5C. Avec le temps, la résistance à la règle sera moins grande.

BesoinsDésirs
De manger tous les nutriments dont on a besoin pour maintenir sa santé.De manger des bonbons, du desserts, de la crème glacée, etc.
De porter des vêtements confortables qui
répondent aux différentes saisons.
De porter des marques de vêtements.
De jouer avec des jouets qui stimulent le développement global de l’enfant.De rester devant les écrans.
De créer ses propres jeux à partir de simples objets qui se trouvent dans l’environnement.D’avoir une multitude de jouets nouveaux qui viennent de magasins.

Un besoin doit être respecté pour être comblé. Un désir n’est pas nécessaire et doit rester un « extra », un « spécial » qui ne doit pas être confondu et devenir une habitude.

Les attentes sont à l’origine des déceptions vécues

Toute personne qui se fait des attentes qui ne peuvent se réaliser au moment voulu est déclenchée par une émotion saine et normale appelée déception. Comme toutes émotions ressenties, elle doit être reconnue et permise. À l’inverse, lorsque les émotions sont défendues et intériorisées, elles s’accumulent et finissent par nuire à la personne qui la vit. La déception génère de la colère et de la tristesse qui doit simplement s’extérioriser pour passer. En aucun cas, cela ne signifie que l’adulte doit changer ses règles ou changer d’idée sur ce qui est décidé. Il faut simplement laisser le temps à l’émotion se vivre sans porter de jugement, sans faire la morale, sans trouver de solution. Votre enfant s’en remettra…

« Le temps et l’empathie sont les meilleurs alliés. »
tiré de Quand un enfant est déçu : des mots qui accueillent la déception – Apprendre à éduquer

Préparer votre enfant à la déception : ne lui faites pas de promesses

Lorsqu’on prépare son enfant à l’éventuelle possibilité d’être déçu cela diminue considérablement les attentes et la déception. Avez-vous déjà promis à votre enfant de lui acheter un « truc » s’il se comportait bien ? Non seulement « se comporter bien » ne veut rien dire pour lui, mais il se fera des attentes que vous ne pourrez peut-être pas tenir. Que ferez-vous s’il se comporte mal ? Lui achèterez-vous le « truc » pour éviter qu’il fasse une crise ? Bref, les promesses sont difficiles à tenir, car la vie amène son lot d’imprévu. Préparer son enfant à la déception, c’est avant tout, ne pas lui créer d’attentes. De plus, vous pouvez lui rappeler la différence entre un besoin et un désir en lui nommant votre intention de répondre à ses besoins, mais peut-être pas à ses désirs. Voir les exemples suivants :

Ex : Avant d’aller au magasin, vous dites : « Aujourd’hui, on achète un cadeau pour ton cousin, pas pour toi. »
Ex : Lors d’un jeu de gagnant/perdant : « C’est un jeu qui amène à gagner ou à perdre. Il se peut que tu gagnes ou que tu perdes, mais le plus important est de s’amuser ensemble. »
Ex : Avant d’aller magasin, vous dites : « Je viens répondre à ton besoin d’avoir des souliers de course et il se peut que ton désir à toi corresponde à un autre modèle auquel je pourrai refuser. » 


Il est important de maintenir sa parole, même si votre enfant se fait des attentes. Cela l’aidera à mieux accepter les défis et les échecs qu’il aura à surmonter tout au long de sa vie.

Est-ce que les enfants comprennent ce qu’on leur demande ?

Avez-vous remarqué que la communication est au cœur de tous malentendus ? Sois que la personne n’écoute pas, sois qu’elle n’est pas disponible à nous écouter, sois que sa perception ne correspond pas à ce qu’on voulait lui dire, etc. Pour des jeunes enfants, il est facile d’être distrait par tous les stimuli de son environnement. Il est donc important d’être près de lui et d’obtenir son attention lorsqu’on lui demande une consigne (une règle à suivre). De plus, le jeune enfant ne décode pas les sous-entendus, les messages flous qui ne veulent rien dire. C’est pour cela qu’il est important que le choix des mots que l’on utilise pour se faire écouter soit d’abord bien clair et concret pour lui. Voici quelques messages qui sont souvent donnés aux enfants et qui manquent de clarté.

La punition

  • Impose une conséquence désagréable négative qui cause une tristesse à l’enfant.
  • S’attarde à un événement passé qui ne peut être changé et n’a aucun effet bénéfique sur l’enfant. La punition ne fait qu’apprendre à l’enfant à punir à son tour lorsqu’il sera en position de force.
  • N’est pas relié au comportement inacceptable.
  • Est appliquée de façon autoritaire par quelqu’un de frustré, agitée et en colère.
  • Peut contraindre l’enfant, mais elle ne lui apprend pas à s’autodiscipliner.

À propos du retrait

Le retrait devrait se faire dans le but qu’un enfant aille gérer ses émotions dans un endroit prévu à cet effet, car la projection d’une crise sur les personnes qui l’entourent n’est pas acceptable. Alors, que la possibilité de décharger sa colère dans un endroit sécuritaire, comprenant des outils de gestions des émotions, favorise l’auto réconfort, voir le développement de l’autodiscipline.

Il est possible d’agir fermement et avec sensibilité auprès de l’enfant. Le diriger vers un endroit où il pourra gérer sa frustration. La relation entre un parent et l’enfant demeure, mais en temps de crise, l’énergie ne circule pas. Il faut un temps de récupération pour chacun.

Remplacer le coin retrait par un coin de canalisation.

La conséquence logique/naturelle

  • Axé sur l’avenir, vise à aider l’enfant et à comprendre en quoi son comportement est inacceptable et les raisons pour lesquelles il l’est.
  • Est reliée logiquement au comportement inapproprié : apprend à l’enfant le bon comportement.
  • Ne vise pas à blesser l’enfant même si celui-ci peut être malheureux ou triste. Lui permet de se racheter en tout temps, car il répare sa mauvaise action.
  • Permet à l’enfant de réaliser qu’il peut jouer un rôle actif et responsable. L’enfant croit qu’il a lui-même un pouvoir sur ses actions et se sent compris.

Voici des exemples de conséquences logiques et naturelles

Comportements de l’enfantConséquences, gestes de réparation à faire par l’enfant
Renverser son verre de laitPrendre un linge pour le ramasser
Briser des objetsLes réparer, même si ce n’est que symbolique
Détruire une construction d’un enfantReconstruire la construction de cet enfant
Ne pas se mettre en action au moment où il faut ranger ses jouets lors de la routine du dodoNe plus avoir de temps pour lire l’histoire avant le dodo
Pousser un enfant lorsqu’il se sent envahieAider l’enfant à se relever et lui dire : « C’est ma bulle » ou « Je veux être tout seul. »
Arracher un jouet des mains d’un enfantL’adulte reprend le jouet pour le redonner à l’enfant qui l’avait en premier, puis demande à l’enfant qui l’a arraché de faire une demande à l’enfant qui a le jouet : « Est-ce que je peux avoir le jouet ? » L’enfant a le droit de refuser.

Appliquer les 5C pour développer les règles

Ex : À l’intérieur, on se déplace en marchant.

La règle des 5C est tirée de Comportements des enfants et des ados face à la discipline | LigneParents

Établir un code de vie familial

Un code de vie est connu, compris et appliqué par chaque membre de la famille de plus de 18 mois. Les parents doivent en informer les enfants, et même l’afficher à la vue de tous, en guise de rappel. Ceux-ci s’entendent ensemble dans le but d’être cohérent : ils sont le premier modèle de leur enfant.

C’est comme le code de la route. Entre autres, vous ne passerez pas sur la lumière rouge, car vous voulez rester en sécurité et ne pas recevoir de contravention. C’est pareil pour le code de vie familial. Vous devez appliquer des conséquences logiques/naturelles chaque fois que le comportement de votre enfant déroge du code de vie familial.

(Racine, B. 2018)

Des comportements
à éviter
Le code de vie familial / les conséquences
Ne pas se crier aprèsOn se parle avec une voix calme. Il n’y a que dans le coin de canalisation, à l’extérieur ou dans la boîte de la colère qu’il est permis de crier.
Conséquence : baisser la voix ou aller crier où cela est permis.
Ne pas écouter la télévision plus de 20 minutes par jourChaque jour en arrivant de la garderie, j’ai le droit d’être devant un écran maximum 20 minutes. Par la suite, je me prends un jeu.
Conséquence : chaque minutes dépassées devant un écran est retranchée sur la semaine.
Ne pas décharger ma crise lors des repas ni en plein milieu d’un moment familialLorsque je suis en crise, je me retire dans mon coin de canalisation pour utiliser des outils de gestions des émotions et je ressors quand je suis prêt et calme à reprendre ma relation avec ma famille.
Conséquence : être retiré dans le coin de canalisation avec des outils de gestion des émotions,
jusqu’au retour au calme.
Ne pas laisser trainer ses jouetsLorsque j’ai terminé avec un jeu, je le range au fur et à mesure avant d’en prendre un autre.
Conséquences : aucun autre jeu n’est permis avant que
tout soit ranger et la perte de temps entrave sur les activités suivantes.
Ne jamais briser de matériel, se frapper et
faire mal aux gens
Je décharge ma colère dans un endroit prévu à cet effet, soit le coin de canalisation. Je peux crier dans la boîte de la colère.
Conséquence : Faire un geste de douceur à soi, à l’autre ou réparer l’objet.
Ne pas couper la
parole
J’attends mon tour de parole avant de parler.
Conséquence : passer son
tour de parole.
Source : Canva

À vous de jouer… Établir votre propre code de vie familial

Intervenir jusqu’au bout

La discipline impose d’endosser le rôle du parent qui place un cadre qu’il est important de maintenir. Il est normal que votre enfant réagisse avec colère à vos refus. Lorsqu’on est petit, se faire dire non enclenche bien souvent une crise. Il faut comprendre qu’il est encore petit pour accepter vos règles, car son cerveau demande de la maturation. Malgré cela, il est important de maintenir une intervention jusqu’au bout, de faire appliquer la règle demandée.

  • Se connecter à soi avant d’intervenir. Être calme : gérer votre état affectif.
  • Rappeler le code de vie familial et l’appliquer selon ce qui est convenu.
  • L’intervention est un choix que vous faites : montrez-vous confiant.
  • Aider votre enfant à trouver un comportement approprié, soit de remplacement, ou à choisir un outil de gestion des émotions.
  • Prévenir la répétition du comportement inapproprié. Quand le même comportement se répète, observer davantage s’il y a des modifications à apporter sur l’organisation et l’environnement. Ex : Un enfant qui vit dans le désordre a tendance à se désorganiser. Solution : Ranger au fur et à mesure.

Maintenir toujours une relation d’amour avec votre enfant

Dès que la crise est terminée, c’est terminé. Ne pas vous justifier, ne pas lui faire la morale, ne pas revenir sur la situation à ce moment-là. Prenez plutôt un moment de qualité à jouer avec votre enfant, à prendre du bon temps ensemble.

Source : Canva

Le temps de qualité est bien plus important que la quantité : offrir du temps à votre enfant

Établir un horaire pour les périodes de qualité avec votre enfant.
Ex : 15 minutes chaque soir avec votre enfant pour lire une histoire, pour lui flatter les cheveux, pour l’écouter vous parler de sa journée.
Ex : une période de 20 minutes après le souper de la semaine pour faire un jeu de son choix.
Ex : 4 périodes de jeux de 20 minutes la fin de semaine.

Danser, chanter, jouer dehors, faire un casse-tête, des jeux de constructions, jouer à son jeu préféré, etc.
Il est important que chaque enfant de la famille bénéficie à tour de rôle d’un moment privilégié avec un de ses parents.

Donner de l’attention à votre enfant lorsqu’il se comporte bien.
Il est souvent plus facile de voir les mauvais que les bons coups : l’être humain a tendance à être plus critique et à souligner davantage les mauvais comportements que les bons. Concentrer aussi votre attention sur les comportements positifs qui seront récompensés par du temps de qualité.

Apprendre des comportements pro sociaux en s’amusant

La méthode 1-2-3

Écouter la Vidéo :
La méthode 1-2-3 : comment faire se faire comprendre par son enfant sans crier ! 8:11 minutes.

D’autres idées d’intervention

Les parents répètent souvent qu’ils n’ont pas de moyens pour bien intervenir. Il faut savoir que ça prend du temps pour développer des bons comportements chez les enfants et tout cela passe d’abord par un code de vie familial et par tous les conseils qui se trouvent dans ce document. Il n’y a aucune baguette magique qui transforme qui que ce soit dans la vie. Pour la discipline, cela nécessite d’être constant, d’aller au bout de ses interventions et de mettre en pratique des interventions de style démocratique.

À éviter…

  • D’entrer dans une lutte de pouvoir et d’argumentation. Il n’y a pas de combat de coq, mais bien une règle à appliquer.
  • De faire la morale, de divulguer des reproches. Vous risquez simplement de vous sentir coupable et votre enfant dévalorisé.
  • De douter de vos décisions, de vos habiletés parentales : poursuivre votre introspection et ajustez-vous si besoin. Si votre règle est à modifier, faites-le une prochaine fois, non pas au moment de l’annoncer : vous perdrez votre crédibilité.
  • De vous mettre de la pression par le regard des autres.
  • De contrôler, de vouloir que tout soit parfait. La perfection, c’est d’accepter les imperfections.

Ressources pour les parents : des idées de livres sur la discipline/l’autorité

Ressource pour les parents :

Il est normal de se poser des questions, d’avoir des doutes, de demander de l’aide.
La ligne parent est disponible 24/7 par téléphone au numéro suivant : 1-800-361-5085 ou par clavardage entre 6h et 22h30 ou par courriel.

En conclusion :

  • Aucun enfant ne naît civilisé : le vôtre n’en fait pas exception.
  • La discipline nécessite des limites et des règles de conduites claires, un code de vie familiale constant établie avec cohérence entre les 2 parents et pour l’ensemble de la famille. Elle commence dès l’âge de 18 mois.
  • On retrouve 3 styles parentaux : autoritaire, permissif et démocratique. Ceux-ci représentent un ensemble de comportements et attitudes des parents envers leur enfant.
  • Les problèmes de comportements sont souvent associés à une discipline incohérente entre les 2 parents, à des styles d’intervention autoritaire et permissif.
  • L’enfant roi n’est pas né capricieux, exigeant, colérique et irresponsable. Il l’a appris dans une éducation de style permissif.
  • Les parents de style parental autoritaire utilisent des paroles et des attitudes qui insécurisent leur enfant. Ceux-ci donnent des punitions qui condamnent l’enfant. Celui-ci apprend à se conformer par la peur et non par l’autodiscipline.
  • Les parents de style démocratique sont sensibles aux besoins de leur enfant et sont aussi capable de placer un cadre logique comprenant des règles à suivre. Ceux-ci donnent des conséquences qui permettent à leur enfant de poser des gestes de réparation et d’apprendre de leurs erreurs.

Médiagraphie

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Bongo Créations. (2013). L’autorétroaction en action. [image] récupérée à https://bongocreations.files.wordpress.com/2014/10/action-istock_000018662891small.jpg

Bourcier, S. (2018). L’agressivité chez l’enfant de 0 à 5 ans. Éditions du CHU Sainte-Justine.

Bouchard C. (2019). Le développement global de l’enfant de 0 à 6 ans en contextes éducatifs. Presse de l’Université du Québec.

Comprendre les douces violences, tirée du site Les douces violences : Définition, explications et toutes les solutions ! (decouvrir-montessori.com)

Cyrulnic, B. (2016). Boris Cyrulnik et la petite enfance. Éditions Philippe Duval.

Delage, M. et Martel. L. (2018). L’attachement dans la petite enfance. Éditons Philippe Duval.

Des Chênes, R. (2012). Guider les enfants vers l’autodiscipline. Chenelière éducation inc.

Evans, B. (2017). Résolution de problèmes en milieu éducatif. Chenelière éducation.

Forest, P. (2022). Tout savoir sur les 4 styles parentaux de Diana Baumrind.

Jennifer. (2019). Comment éviter ces 32 douces violences. Toutes les astuces des parents bienveillants.

Létourneau, A.A. (2018). 25 outils d’intervention simplifiées. Intervenir auprès d’enfants de 0 à 12 ans. Pearson, ERPI.

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Noiset, V. (2019). Éducation bienveillante.

Prévenir les douces violences dans les pratiques professionnelles, Au quotidien. (2016).

Racine, B. (2018). L’autorité au quotidien. Hôpital Ste-Justine.

Schuhl, C. (2020). Les douces violences.

Siegel, D.J., Payne Bryson, T. (2018). La discipline sans drame. Calmer les crises et aider son enfant à grandir. Éditions Guy St-Jean.

©️ 2021-2023 Caroline Venne, consultante et pédagogue spécialisée en petite enfance | Centre de la petite enfance Les Marmousets

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